Une lettre ouverte adressée au Préfet de Région - 18 novembre 2000

Monsieur le Préfet de la Région Aquitaine,
Président du Comité de gestion des poissons migrateurs du Bassin de l'Adour,

La survie des saumons des gaves reste précaire depuis des dizaines d'années. A peine subsiste-t-il quelque espoir, et pourtant on nous assure que ni les efforts, ni les moyens financiers n'ont manqué.

L'espèce est toujours en danger.

Ces échecs successifs semblent inscrits dans les choix effectués, et toujours répétés. Ceci conduit de nombreuses personnes, qui ne se résignent pas à voir disparaître cet important aspect de la nature en Béarn, à se grouper en une association nouvelle

Jamais le nombre de saumons que les gestionnaires souhaitent voir revenir et s'installer sur les frayères n'est indiqué. Ce devrait être une donnée essentielle des prises de décision. Se fixer des objectifs à 5 ans, à 10 ans, les rendre publics, évaluer les résultats. En fait, il semble que l'on se contente d'estimations plus ou moins fiables de ce nombre, et d'un certain statu quo.
Dans l'immédiat, la question essentielle pourrait se formuler ainsi : quelle est, en moyenne annuelle, la population de saumons qui devrait revenir dans son berceau principal du sud-ouest, le gave d'Oloron : 500, 1000, 5000, 10000, 20000 ?

Il serait intéressant d'établir des comparaisons avec le nombre de saumons qui reviennent se reproduire dans les grandes rivières à saumon comparables au gave. On peut aller voir en Norvège, en Irlande, en Ecosse, au Canada... ailleurs ?

En France on parle plutôt d'autre chose, en tous cas publiquement. On met en place toute une panoplie de mesures contre la pêche à la ligne qui ne peuvent sauver que quelques dizaines de saumons, éventuellement. Et au prix d'un abandon aggravé de la rivière, ce qui représente un bien plus grand danger.

Passons. Mais quel rapport avec la question essentielle ? Quel est le véritable capital patrimonial du gave d'Oloron ? Vu sous cet angle, on voit bien que ce n'est pas la pêche sportive qui le menace.

Là encore, petit tour à l'étranger :

Dans les grandes rivières à saumons irlandaises, norvégiennes, autres, les saumons capturés par la pêche sportive se comptent par milliers annuellement.

Au passage, c'est un démenti cinglant à ceux qui instillent le défaitisme et la résignation dans nos vallées :

Ah ! Mon bon Monsieur ! Les saumons vous savez ! Bien sûr, c'est si beau, si passionnant, si enrichissant, si tout ... Mais il ne faut pas rêver c'est le passé... Et puis c'est partout pareil...

Eh bien non, justement, ce n'est pas partout pareil, et si l'Association Saumon des Gaves, l'association nouvelle créée en cette année 2000 ne servait qu'à une chose, ce serait à ça : dénoncer ce fatalisme.

Non les saumons ce n'est pas partout pareil. Il y a des pays où ils sont pris très au sérieux, et où leur gestion consiste justement à les sauvegarder durablement.

Dans ces pays, au delà des différences de culture, d'approche des problèmes, il n'y a aucun exemple qui puisse être comparé à ce qui se passe en France. Nulle part ailleurs on ne laisse la pêche aux filets capturer tout ce qu'elle peut, et avec les méthodes modernes elle peut beaucoup. Cette pêche y est au moins étroitement contrôlée, et très souvent interdite, soit en estuaire, soit à la fois en estuaire et en mer.

Quelques interdictions : Islande 1933, Espagne 1942, Canada 1976, Norvège 1986.

Dans ces pays, on voit des vallées entières vivre pour et par les saumons et leur pêche sportive. C'est bien la meilleure façon de protéger à la fois les saumons et les rivières, ces joyaux de la nature. Encore faut-il les considérer comme tels, et non avec le mépris qu'on voit trop souvent ici.

Pourrons-nous dans notre coin de Béarn changer le regard qui est porté sur eux ? C'est d'autant plus difficile que nous n'avons plus guère que des ombres trop grises à montrer, des photos jaunies, et des histoires à raconter dont les acteurs sont devenus bien rares.

Mais nous essaierons quand même, de toutes nos forces. Car nous pensons que le succès est possible.

Nous essaierons en recherchant tous les appuis pour cette cause qui nous paraît importante et juste.

Association Saumon des Gaves. 18 novembre 2000.

Destinataire de la lettre :


Monsieur le Préfet de la Région Aquitaine, Président du Comité de Gestion des Poissons Migrateurs

destinataires des copies de la lettre:

Monsieur le Président du Conseil Régional d'Aquitaine

Monsieur Casaurang Conseiller Régional d'Aquitaine

Monsieur Maïtia Conseiller Régional d'Aquitaine

Monsieur Ricarrère Conseiller Régional d'Aquitaine

Monsieur Bayrou, Président du Conseil Général des Pyrénées Atlantiques.

Monsieur Loustalot-Forest, Conseiller Général du Canton d'Oloron-est

Monsieur Lucbéreilh, Conseiller Général du Canton d'Oloron-ouest et Conseiller Régional d'Aquitaine.

Monsieur Pédehontaà, Conseiller Général du Canton de Navarrenx

Monsieur Basse-Cathalinat, Conseiller Général du Canton de Salies de Béarn

Madame Saint-Pé, Conseillère Générale du Canton de Sauveterre

Dr Michel MAUMUS, Délégué aux Programmes Poissons Migrateurs (Institution Adour)

Monsieur le Président de la Fédération des Pyrénées Atlantiques pour la pêche et la protection du milieu aquatique

Monsieur le Président de l'AAPPMA du gave d'Oloron


Commentaires :

La composition du pouvoir au sein du cogépomi :
Qui sont les décideurs ? (en tous cas chacune de leur voix est une voix délibérative et apparemment ce sont eux qui décident) :
2 représentants des conseils régionaux (Aquitaine, Midi-Pyrénées)
2 représentants des conseils généraux (Pyrénées Atlantiques, Landes)
2 des fédérations départementales des AAPPMA
1 des propriétaires riverains.
1 des pêcheurs amateurs aux engins et aux filets
2 de l'association agréée de pêche professionnelle en eau douce
3 des marins pêcheurs exerçant dans la zone maritime de l'estuaire

 

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