QUELLE NIVE VOULONS NOUS ?

C’est le titre d’un colloque organisé le 15 novembre dernier à Ustaritz, par AAPPMA de la Nive

(Association Agréée pour la pêche et la protection des milieux aquatiques de la Nive ). Après l’accueil de Mr AUROY, maire et conseiller général, c’est le Président de AAPPMA de la Nive, maître J.B. Etcheverry, qui a présenté les deux objectifs de la journée: informer et communiquer. Notons qu’outre la Nive, le colloque s’est aussi intéressé aux bassins voisins de la Joyeuse et de l’Ardanavy, gérés par la même société de pêche. La matinée fut consacrée à constater la dégradation. Une étude, réalisée par la Fédération départementale, assez technique, a été décryptée et présentée. En résumé, il s’agit de calculer, d’après la morphologie du cours d’eau, combien on devrait avoir de poissons d’une espèce repère (truite ou brochet), d’évaluer (pêches électriques échantillons, enquêtes ...) combien on en a vraiment, puis d’estimer si le cours d’eau est conforme (la "haute Nive"), perturbé (le reste) ou dégradé (rien) . Cette étude fut l’objet de bien des questions, de la part d’un public souvent septique, en particulier devant l’aspect statistique des protocoles. On eut aussi l’intervention d’un agent technique du Conseil Supérieur de la Pêche, qui apporta quelques précisions relatives aux aspects réglementaires, et ses observations d’ homme de terrain sur la baisse de la qualité des eaux, et par la suite, les changements de peuplements de macro-invertébrés, la présences d’algues sur les galets. Il évoqua aussi les variations très brutales de débits, en fonction des précipitations. En bref, un changement profond, au niveau de tout le bassin. Un représentant de Migradour a présenté la situation des poissons migrateurs sur la Nive et parmi eux, de l’espèce phare, le saumon. Les outils (stations de contrôle, marquage...) et les méthodes ont été illustrées. Une politique d’alevinage a été mise en place depuis 2001 sur la Nive. M. Heland, chercheur à l’ INRA de Saint-Pée, a fait état d’une très intéressante étude sur les populations de truites. Elle a montré qu’en aval des piscicultures, une pollution, même minime, entraîne dans la durée, une chute importante de la survie des oeufs (63 % en amont contre 31 % en aval). Elle a montré aussi un déficit de croissance en longueur des larves d’environ 10 % en aval. Les analyses d’eau couplées à ces travaux ont mis en évidence les principaux paramètres responsables: la chute du taux d’O 2 , et l’augmentation de l’azote ammoniacal. Enfin un autre facteur, étranger aux piscicultures, détruit les pontes: ce sont les crues. Dans le public, diverses interventions ont montré du doigt les routes et les déboisements, mais aussi l’agriculture, en particulier la maïsiculture. D’autre part l’étude s’est penchée sur la diversité génétique des populations de truites. En résumé, le cloisonnement existe, mais moins qu’on ne pouvait le craindre, et pas toujours là où on l’attendait. Pour terminer la matinée, un état des lieux des poissons de deuxième catégorie, nous a été présenté. Si l’enrichissement des eaux est préjudiciable aux Salmonidés, c’est le contraire dans une certaine mesure, pour les carpes, les poissons blancs, les brochets... La basse Nive a de nombreux atouts, une remarquable diversité ( 32 espèces, rien que pour les poissons). Elle mérite une sérieuse vigilance, de la rigueur et de la cohérence (ce n’est pas toujours le cas) et des pistes de gestion piscicole ont été évoquées. L’après-midi, après un sympathique buffet sur place, a été consacré à montrer la nécessité d’une restauration. Ce fut tout d’abord au travers du contrat de rivières des Nives, présenté par son Président, B. Auroy. Ce fut ensuite M. Maumus, Conseiller Général, responsable de l’Environnement. Il développa de façon très claire trois axes du Département: l’assainissement, l’entretien des cours d’eau, et le programme migrateur. Ce fut enfin le tour des utilisateurs à s’exprimer. M. Berhocoirigoin, au nom d’ELB, seul syndicat agricole ayant répondu à l’invitation, reconnut le rôle de l’agriculture dans la modification de nos cours d’eau. Il rappela l’action de communication d’ELB, par exemple dans le cadre du contrat du Saison, mais aussi avec les CTE. Mais nous vivons dans le pays qui consomme à lui seul, le tiers de la consommation européenne de pesticides (100 000 tonnes par an). Chacun de nous peut contribuer à changer cela, par ses choix. M. Harispe, pisciculteur et représentant le Groupement de défense sanitaire (GDS), a montré l’évolution des pratiques en pisciculture, et les efforts déployés par les pisciculteurs de la vallée des Aldudes (éradication de la SHV, station de désinfection des camions...). Aujourd’hui, toutes les piscicultures du Pays bas- que sont contrôlées six fois par an. Les normes sont draconiennes. Dans l’assistance, on demanda naïve- ment si les piscicultures étaient prévenues lors des contrôles. L’important est de progresser, conclut le Président J.B. Etcheverry. Un représentant d’EDF a présenté ses trois centrales de la Nive (il y a aussi des centrales privées): Halsou, Itxassou et Banca. Il montra le poids de ces installations (emplois, taxes, production), mais aussi les efforts déployés pour la sauvegarde de l’environnement: partenariat avec l’Agence de l’Eau, circulation des pois- sons, récupération des déchets flottants... Sur Halsou, le débit réservé va passer de 1/40 à 1/10, soit 3,5 m 3 / s dès le 1 er janvier 2004. La Lyonnaise des Eaux a présenté surtout l’assainissement, dont l’efficacité est en moyenne de 80 % (?!), ce qui est très bien. Elle a montré les points "rouges"avec Ustaritz, puis, à la limite, Itxassou. Elle a présenté des conventions de déversement, avec des entreprises privées.

 

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